Si le mot "vampire" n'apparaît qu'au
début du XVIIIè siècle, et le premier récit
de vampire en 1819, le fantasme du mort-vivant suceur de sang remonte aux
origines de l'humanité. On en décèle les premières
traces dans certaines reliques préhistoriques, on le retrouve dans
la mythologie
babylonienne, dans l'Ancien Testament, en Chine, chez les Indiens, Malais,
Polynésiens et
Esquimaux, dans la Grèce et la Rome antiques, etc. La mythologie
européenne du vampire se
développe au XIè siècle, associant christianisme et
paganisme nordique, puis fleurit en Europe
centrale en conjonction avec les grandes épidémies de peste.
La Réforme, dans la seconde moitié du
XVIè siècle, accrédite le mythe du spectre prédateur,
et à la fin du XVIIè siècle, la peur du vampire
frise, en Europe de l'Est, la psychose. Légendes et superstitions,
débordant le registre oral, suscitent même des études
"scientifiques" comme celle du médecin militaire Flückinger
qui en 1732 détaille les sanglants exploits d'un vampire serbe censé
avoir décimé tout un village.
La croyance aux vampires résiste aux Lumières,
mais succombe au positivisme et à l'émergence de la société
industrielle qui font table rase des antiques superstitions. Le vampire
se réfugie dès lors dans le domaine de l'imaginaire, il devient
source d'inspiration littéraire. En 1819 Lord Byron signe en lieu
et place de son médecin et secrétaire particulier John William
Polidori un récit intitulé "TheVampyre", qui remporte
un considérable succès, amplifié par deux adaptations
théâtrales, signées Nodier et Dumas, et par de multiples
imitations : mélodrames, opéras-comiques, vaudevilles, etc.
En 1872, Joseph Sheridan Le Fanu publie la nouvelle "Carmilla
", qui fixe les grands archétypes du genre, ses lieux,
ses personnages, ses ambiances caractéristiques, son érotisme
allusif. C'est sur cette base, et à partir d'une documentation exhaustive
sur l'histoire et le folklore d'Europe centrale, que Bram Stoker écrit
son "Dracula ".